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VI: S.B. Mgr. Alberto Gori, Patriarche de 1949 à 1970

VI: S.B. Mgr. Alberto Gori, Patriarche de 1949 à 1970

  • 9 février 1889 : naissance à San Piero Agliana
  • 26 septembre 1907 : rejoint les Franciscains chez les Stigmates de Saint-François
  • 19 juillet 1914 : ordonné prêtre à Florence
  • 11 novembre 1949 : nommé Patriarche latin de Jérusalem
  • 1960 : nommé membre de la Commission centrale
  • 7 novembre 1962 : participe à la fondation de la CELRA (Conférence des Evêques Latins des Régions Arabes)
  • Janvier 1964 : accueille le pape Paul VI en pèlerinage en Terre Sainte
  • 25 novembre 1970 : décès et enterrement à Jérusalem, dans la co-cathédrale du Patriarcat latin (chapelle de St Joseph)

Les anecdotes :

  • C’est pendant la Première Guerre mondiale qu’il rejoignit la Terre Sainte

Lorsque la guerre éclate en 1914, Mgr Gori a vingt-cinq ans. Il est prêtre depuis à peine dix jours. Deux ans plus tard, alors que le conflit fait rage entre la Triple-Entente et l’alliance des Empires centraux, il devient infirmier et parvient à être envoyé en Palestine lorsqu’un détachement italien y est dépêché. Une fois en Terre Sainte, étant Franciscain, il finit par rejoindre la Custodie, et deviendra Custode en 1937. Des années plus tard, peu après sa nomination en tant que Patriarche latin de Jérusalem, juste après la création de l’Etat d’Israël et les changements démographiques qui en découlèrent, il déclarera d’ailleurs à ce propos, non sans humour : « Custode, je n’avais connu aucun souci financier. Patriarche, je n’en sors plus ! »

  • Avant de devenir Patriarche, il tenta de créer un conseil œcuménique pour la gestion des Lieux Saints

Comme Mgr Valerga avant lui, Mgr Gori s’intéressa de près à la question des Lieux Saints et notamment au statu quo. En 1946, alors qu’il est encore Custode, il propose que soit formé un conseil permanent composé de membres Catholiques, Arméniens et Orthodoxes, qui agirait en tant que seul gestionnaire des Lieux Saints, déciderait des restaurations à effectuer et s’occuperait de régler les conflits éventuels en interne. Toutefois, le contexte politique de l’époque étant particulièrement tendu, la priorité n’était pas donnée aux Lieux Saints et sa proposition n’aboutit pas

  • Après sa nomination au rang de Patriarche, il reçut un cadeau du Pape (entre autres)

Le 2 février 1950, avant le départ de Mgr Gori pour la Terre Sainte, le pape Pie XII lui offrit en cadeau une « croix pectorale artistique en or » ainsi qu’une bénédiction apostolique. Ce n’est d’ailleurs pas le seul cadeau que reçut le nouveau Patriarche ; le cardinal Eugène Tisserant lui offrit une lettre de bienveillance ainsi que tout le nécessaire pour célébrer les cérémonies pontificales, tandis que le cardinal Schuster lui faisait don d’une custode artistique pour la Sainte Eucharistie. Il reçut également d’autres présents, parmi lesquels un anneau en or, une crosse d’argent, un bougeoir et divers autres ornements. A l’occasion de sa nomination, on publia également un document d’une quarantaine de pages retraçant son parcours à travers des textes, des télégrammes et des photos.

  • Une tempête de neige perturba son arrivée à Jérusalem

Ayant embarqué à Naples le 4 février 1950, à bord d’un navire nommé l’Esperia, le récemment nommé Patriarche Mgr Gori devait retrouver à Beyrouth l’évêque auxiliaire Mgr Gélat, le Vicaire patriarcal Mgr Neemeh Semaan, le président de la mission pontificale ainsi que le directeur de l’union catholique des écoles. Mais la météo en décidera autrement. Bloqués par des routes enneigées, la plupart d’entre eux ne réussirent pas à atteindre le Liban avant le Patriarche. Quant à Mgr Gori, son navire ayant forcé l’allure pour échapper à la tempête, il débarqua à Beyrouth avant l’heure prévue, vers 6h du matin, alors que les préparatifs pour l’accueillir n’étaient pas encore achevés. Par chance, la météo fut beaucoup plus clémente lors de son entrée à Jérusalem.

  • Il effectua plusieurs grandes tournées dans tout son diocèse

A peine nommé Patriarche, Mgr Gori prit soin d’organiser plusieurs visites pastorales dans son diocèse. Il commença par la Transjordanie ; du 15 au 31 avril 1950, il parcourut ainsi environ 1 200 km et visita 18 missions. Puis, le 6 mai, il enchaîna avec une tournée en Israël, qui dura 18 jours et durant laquelle il se rendit à pas moins de 19 hospices, basiliques, églises et communautés religieuses différentes. Il termina par la Palestine en juin, en commençant par Bethléem et Beit Jala, puis Ramallah, Taybeh, Jifna, Aboud… La visite prit fin le 30 juillet ; en tout, cette tournée des missions aura donc duré quatre mois. Quant à Chypre, le Patriarche s’y rendra pour la première fois le 18 mai 1951, et y restera jusqu’à début juin.

  • La toute première année mariale eut lieu alors qu’il était Patriarche

Le 8 septembre 1953, pour célébrer le centenaire de la proclamation solennelle du dogme de l’Immaculée Conception de Notre Dame par le pape Pie IX, le pape Pie XII fait de l’année 1954 une « Année Mariale », consacrée à la Vierge Marie. Pour cette occasion, Mgr Gori rédige une lettre pastorale afin d’expliquer cette proclamation solennelle et de publier ses instructions quant à la célébration de cette année. Il constitue aussi un comité permanent de l’année Mariale, chargé de préparer le programme de toute l’année. Marquée par des hommages rendus à la mère du Christ, des conférences, des fêtes scolaires, des cérémonies spéciales, des expositions, des prières et des pèlerinages, cette première année mariale prend fin le 8 décembre 1954, avec la fête de l’Immaculée Conception. Une deuxième année mariale aura lieu en 1987, sous le pape Jean-Paul II.

  • Il participa au Concile Vatican II

En 1960, Mgr Gori est nommé membre de la Commission centrale, dans le but de préparer le futur Conseil œcuménique. Jusqu’en 1962 sont ainsi organisées plusieurs sessions réunissant toute la Commission. D’un naturel discret, Mgr Gori intervient peu, et compte sur ses conseillers pour l’épauler en cas de besoin. Durant le Concile, toutefois, il prend la parole à plusieurs reprises pour donner son point de vue sur divers sujets. Il s’exprimera ainsi à propose de la mention des confessions non-chrétiennes, pour laquelle il demande à ce que toutes soient évoquées, et non uniquement une partie ; sur la liberté de choix de rite pour un oriental désireux de se reconsacrer à l’Eglise catholique ; sur la mention des enfers dans un texte traitant du jugement dernier ; sur la suppression des supérieurs à vie. La plupart de ses interventions sont retenues dans les communiqués finaux du Concile.

  • Il reçut le pape Paul VI en Terre Sainte

Après la clôture de la 3e session du Concile Vatican II, le Pape annonce qu’il compte faire un pèlerinage en Terre Sainte. Un journaliste dessine aussitôt Mgr Gori annonçant la nouvelle à son diocèse depuis un téléphone public, dans un bar. Un mois plus tard à peine, le Patriarche accueille Paul VI à l’aéroport d’Amman, le 4 janvier 1964. Les cérémonies de présentation de la Sainte Croix sont quelque peu perturbées par la foule assemblée Porte de Damas ; les gens sont si nombreux que le Pape ne parvient pas à baiser la croix, qui sera d’ailleurs endommagée lors de l’évènement. Mgr Gori laisse ensuite le Saint Père se rendre au Saint-Sépulcre, son grand âge ne lui permettant plus de suivre le cortège. Le séjour du pape Paul VI sera ensuite ponctué de nombreuses visites aux Lieux Saints ainsi que dans plusieurs endroits clés du diocèse, tels que la Co-cathédrale du Patriarcat latin.

  • Il participa à la création de la CELRA (Conférence des Evêques Latins des Régions Arabes)

Après le Concile Vatican II, un désir s’éleva parmi les évêques du monde arabe de se regrouper régulièrement lors de conférences. Mgr Gori les y convia une première fois le 7 novembre 1962 : dix-huit évêques répondirent à son invitation. En 1964, la CELRA est définitivement fondée, et le Patriarche latin de Jérusalem est nommé président de la conférence. Jusqu’à sa mort en 1970, Mgr Gori présidera ainsi 21 assemblées.

  • Il était d’un naturel discret

Sans prétention d’orateur, doté d’un caractère conservateur et prudent et d’une humble sagesse, Mgr Gori fit souvent preuve, lors de l’exercice de ses fonctions, d’effacement et de discrétion, face à ses confrères comme face à son clergé et ses fidèles. Fort de l’expérience d’administrateur acquise à la Custodie de Terre Sainte, il se réservait la gestion matérielle du diocèse, mais écoutait souvent les conseils et suggestions de son entourage pour tout ce qui concernait les activités pastorales ou les débats doctrinaux ou théologiques, notamment lors du Concile Vatican II et des sessions de la Commission générale. Si certains lui reprochèrent parfois ce trait de caractère, qu’ils trouvaient peu digne d’un Patriarche, il fut cependant bien utile à Mgr Gori lorsque ce dernier dut faire face aux nombreux évènements politiques qui secouèrent son diocèse – lui évitant toute déclaration à l’emporte-pièce qui aurait pu lui nuire ou nuire au diocèse. Sa devise était d’ailleurs « Pax et Bonum », soit « paix et bien »

A suivre...