Réflexions de Terre Sainte - Septembre 2024
À l'approche du premier anniversaire
A l'approche du 7 octobre 2024, il est difficile de croire que non seulement la guerre à Gaza est toujours en cours, mais qu'un nouveau front au Liban progresse rapidement vers une guerre totale, mettant une région déjà exsangue sur le chemin d'un conflit régional avec encore plus de destruction et de perte de vies humaines innocentes. Si seulement tout l'argent dépensé pour les armes était consacré à la construction et au développement de notre région... Les habitants sont prêts pour la paix, mais malheureusement, les dirigeants défaillants de toutes les factions n'acceptent pas, du moins pour l'instant, l'aspiration des peuples à une vie placée sous le signe de la justice, de l'égalité, du respect, de la coexistence et de la liberté pour tous ceux qui considèrent notre région comme leur foyer.
A l'approche de ce premier anniversaire, lorsque nous examinons les statistiques de Gaza, le monde a oublié qu'il y a une vie derrière chaque chiffre. Ces statistiques font état de plus de 41 000 morts, dont 60 % de femmes et d'enfants, de près de 100 000 blessés. Les systèmes de santé et d'éducation sont détruits, de même que plus de 60 % des habitations et 68 % des réseaux routiers. Les infrastructures sont tout simplement absentes (électricité, eau, égouts, communications) et l'aide humanitaire très limitée, avec pour résultat des conditions de vie misérables : 1,9 des 2,3 millions de personnes déplacées vivent dans la rue et sont contraintes de se déplacer d'une soi-disant "zone humanitaire" à une autre, sans aucune considération pour leur signification.
En outre, avec l'escalade sur le front libanais, plus personne ne pense à Gaza, cette guerre a été banalisée pour de nombreuses personnes dans le monde, tout simplement été oubliée. De même, alors que l'attention s'est portée sur Gaza pendant la majeure partie de l'année écoulée, qu'en est-il de la souffrance et de l'injustice qui jour après jour s'étend en Cisjordanie ? L'accaparement des terres, l'expansion des colonies et les violences des colons se poursuivent ; l'annexion de la Cisjordanie continue à toute vitesse, il ne manque plus qu'à lui donner un nom officiel.
A l'approche de ce premier anniversaire de la guerre, il est devenu évident que l'Église se mobilise toujours pendant les conflits et les guerres et finit par être en première ligne pour être parmi les gens, partager leurs souffrances et les réconforter non seulement spirituellement, mais aussi grâce à un soutien matériel. Depuis le début de la guerre, nous avons remué ciel et terre pour fournir tous les moyens de survie à nos frères et sœurs de Gaza, y compris un abri, de la nourriture, de l'eau, des médicaments et des produits essentiels, sans parler d'une modeste éducation de rattrapage, le tout sous les tirs, avec des risques immédiats pour la vie de nos héros de Gaza lorsqu'ils apportent leur aide.
En Cisjordanie, là encore, tous les efforts ont été déployés dès le début de la guerre pour fournir des coupons alimentaires, des contributions en espèces, une allocation pour les frais de scolarité, une indemnité de logement, une participation aux factures de services publics et une assistance médicale. Au fur et à mesure que la guerre se prolongeait et que les pertes d'emplois s'amplifiaient, d'importants programmes de création d'emplois, d'autonomisation financière, de renforcement des capacités et de génération de revenus ont été lancés pour redonner de l'espoir aux gens et leur permettre de gagner leur vie d'une manière digne. Au total, près de 13 000 personnes ont bénéficié des différents programmes, et tous les efforts seront faits pour poursuivre ces programmes aussi longtemps que nécessaire.
À l'approche de ce premier anniversaire, nous sommes très fiers qu'en plus de notre aide humanitaire, nous n'ayons pas perdu de vue nos responsabilités en matière d'activités éducatives. Il y a quelques semaines, près de 19 500 élèves de 44 écoles du LPJ, encadrés par plus de 1 700 enseignants, ont regagné leurs salles de classe pour y recevoir une éducation de qualité, où les valeurs chrétiennes sont mises en pratique et pas seulement enseignées. Où peut-on mieux promouvoir le langage de la paix, de la justice, de la coexistence, de l'amour, du respect, de la tolérance et du pardon alors que les mots clés dans les rues sont la haine, la vengeance et le meurtre !
On ne saurait trop insister sur ce message, car c'est la seule façon de permettre à nos sociétés de sortir du gouffre dans lequel elles se trouvent.
À l'approche de ce premier anniversaire, nous n'avons pas perdu de vue notre dimension pastorale et le besoin crucial de renforcer la foi pour ne pas perdre espoir. Plusieurs initiatives ont vu le jour, notamment le succès retentissant du centre de formation spirituelle établi au séminaire de Beit Jala pour offrir des cours aux laïcs. Tous les cours proposés depuis le début de la guerre ont été surchargés et ils sont maintenant dispensés également à Jérusalem et à Ramallah. Le centre familial de Beit Jala et un centre satellite à Ramallah ont été lancés, en lien avec le centre déjà bien établi d'Amman, tandis que le lancement du centre familial de Haïfa est imminent. En outre, le centre de conseil Bailasan, inauguré à Bethléem en juin dernier offrant des conseils individuels et de groupe, a dépassé toutes les attentes dès les premières semaines de son fonctionnement. Cela s'ajoute à toutes les activités pastorales régulières telles que les camps d'été, l'aumônerie des jeunes, les patronnages et la catéchèse soutenue par le travail important des bureaux catéchétiques et liturgiques, pour n'en citer que quelques-unes. Nous ne pourrions être plus fiers d'être avec et parmi toutes ces personnes pour répondre à leurs besoins spirituels quotidiens.
À l'approche de ce premier anniversaire, nous ne pouvons qu'être reconnaissants envers nos milliers de donateurs des quatre coins du monde qui font confiance au LPJ pour apporter un soutien maximal non seulement à nos communautés chrétiennes, mais aussi à tous, par le biais de nos diverses activités humanitaires et éducatives. L'Eglise a toujours survécu aux guerres et aux crises et en est toujours sortie plus forte. Cette guerre ne fera pas exception !
Sami El-Yousef
Directeur général
27 septembre 2024