Logo
Donate Now

1989 Fayez Bader (1963-1989)

Fayez Bader (1963-1989)

Né: 16.5.1963 à Al-Wahadneh (Ajloun, en Jordanie)

Études:

  • 1.9 1975: Rejoint le Petit Séminaire Patriarcal
  • 1982: Tawjihi
  • 27.10.1985: prise d'habit à Rafat par Mgr Giacomo Beltritti
  • 26.10.1986: Lectorat à Rafat par Mgr Giacomo Beltritti
  • 25.10.1987: Acolyte à Rafat par Mgr Hanna Kaldany
  • 11.12.1988: Diaconat à Beit Jala par S.B. le Patriarche Michel Sabbah

Ordination: 22.6.1989 par S.E. Mgr Selim Sayegh à Anjara, Jordanie

Nominations & Activités:

  • 7.1989: Vicaire de la paroisse de la décollation de Saint-Jean-Baptiste à Madaba

Mort: 9.8.1989, à l'âge de 26 ans dans un accident de voiture

Enterré: 11.8 1989

Au matin du 10 août, un coup de téléphone de Rome, en relayant un d'Amman, annonçait à S.B. le Patriarche Sabbah la mort par accident d'auto la veille, en Jordanie, de D. Fayez Bader. La douleur qui avait frappé la veille bien du monde en Jordanie se répercutait aussitôt en rive droite. Une fois de plus, les desseins du Seigneur s'avéraient si inattendus et si impénétrables ! C'était bien le cas avec la mort brutale de ce tout jeune prêtre de 26 ans. Il venait à peine de prendre contact avec son poste de Vicaire à Madaba. Mais c'est bien navré que son père spirituel peut évoquer ici la si brève existence de D. Fayez Bader.

Il était né le 16 mai 1963, quatrième de 7 d'une famille catholique latine de Khirbeh en Jordanie. Fayez Bader, né en 1963 pendant la construction de l'église, puis élève de l'école paroissiale, était envoyé au petit Séminaire Patriarcal à 12 ans par le curé D. Farah Héjazin qui l'avait bien apprécié.

Il faisait son petit Séminaire Patriarcal à Beit Jala, et après son tawjihi (baccalauréat) passé avec succès en 1982, il entrait au grand séminaire. En théologie, il faisait, comme ses condisciples théologiens, son apprentissage pastoral dans le district de Bethléem, avec des cours de catéchisme, des groupes de Jécistes, ainsi à Bethléem, Beit Sahour, Beit Jala. Il y était aidé par son caractère avenant, jovial. Élève de ressources moyennes, séminariste de piété convaincue, en une circonstance difficile, il avait su bien défendre sa vocation.

Il avait voulu et il obtint d'être ordonné au sanctuaire marial d'Anjara, lancé en 1972 par un dynamique curé, dévot de la Vierge, D. Joseph Ni'mat. Avec la nouvelle route directe reliant Khirbeh à Ajloun et Anjara par la citadelle de Rabad, An­jara était un centre à portée des siens et des paroisses du nord. C'est donc dans ce sanctuaire très apprécié que D. Fayez recevait l'ordination sacerdotale, dans l'après-midi du jeudi 22 juin 1989, des mains de S.E. Mgr Sélim Sayegh, lui-même jorda­nien d'Ermémin, auxiliaire du Patriarche pour la Jordanie. Il y avait une grande foule de Khirbeh, Ajloun, Anjara, beaucoup de prê­tres de Jordanie et aussi des grands séminaristes, dont ses con­disciples. Il y avait aussi sa mère venant de l'hôpital, visiblement en fin de vie, mais heureuse sur son fauteuil roulant d'assister à l'ordination de son fils. Le curé de Khirbeh, D. Ibrahim Héjazin, dont le père était mort à Amman, le 21 à la veille de l'ordonnance, avait dû s'absenter et confier l'organisation de toute la fête de D. Fayez à D. Ghaleb Bader, cousin de D. Fayez arrivé de Jérusalem.

Le jeune prêtre célébrait sa première messe le lendemain à son église de Khirbeh, en grande allégresse de tous. Étaient présents avec l'évêque Mgr Sayegh, de nombreux confrères de Jordanie, l'official de Jérusalem, D. Ghaleb Bader, son cousin et parrain d'ordination, heureux de voir D. Fayez marcher sur ses traces. Sa mère était restée à la maison, ne pouvant affronter la presse de l'église et devant vite réjoindre l'hôpital d'Amman. Elle s'y éteignait quelques jours après, en­deuillant si vite le jeune prêtre et la famille. Mais qui eût pu imaginer qu'il la suivrait moins de deux mois après devant le Seigneur !

Après un mois de repos attristé par la mort de sa mère, D. Fayez arrivait le 4 août à Madaba, à son poste de vicaire, chez le nouveau curé, D. Ya'koub Héjazin. Profitant encore des vacances, il partait seul pour Khirbeh avec l'auto de son frère. Son destin – que nous savons être la Providence, malgré de difficiles apparences – l'attendait sur la route très fréquentée de Jérash, près du pont sur le Zerka (le Jaboq biblique).

Ce qui s'est passé en un instant tragique reste assez obscur. Un dépassement le jetait sur un autobus. Un arbre empêchait l'auto de rouler dans le ravin, mais D. Fayez avait eu la tête fracassée et un bras quasiment détaché. Un docteur qui suivait en auto le prenait aussitôt à l'hôpital de Jérash. On y constatait sa mort. La terrible nouvelle atterrait bien vite Mgr Sayegh à Amman. Il téléphonait à Rome pour avertir le Patriarche. Au matin, celui-ci l'annonçait à la Curie, au Séminaire Patriarcal, et aussitôt partait à Amman avec Mgr Gorla.

Le vendredi 11 août, à 12 h, un convoi prenait le défunt à l'hôpital de Jérash et le transportait à Khirbeh. Étaient dans le cortège avec le Patriarche, S.E. Saba Youakim, l'archevêque melkite, S.E. Mgr Sayegh, l'auxiliaire latin en Jordanie, de très nombreux prêtres latins, melkites, orthodoxes, le curé de Madaba et ses scouts, des amis de tout le Jebel Ajloun. À Khirbeh, le corps était porté un moment à la maison natale, puis le cercueil porté à l'église par les prêtres, confrères du défunt parmi une immense foule des trois localités, chrétiens et musulmans. S.E. Mgr Sayegh présidait la messe, concélébrée avec les nombreux confrères. Mgr Georges Saba y prononçait, fort ému, une homélie d'adieu émouvante pour tous, 48 jours après la grande fête de la première messe, devant le père si éprouvé. Celui-ci parais­sait admirable de foi devant la perte si rapprochée de sa fem­me et de son fils. À la porte de l'Église avec le Patriarche, il recevait de toutes les condoléances émues.

Le P. Fayez était enseveli sous des arbres entre le presbytère et cette église où il avait été baptisé en 1963 et où il célébrait sa première messe le 23 juin dernier dans une al­légresse générale. C'était une prière fervente, douloureuse, mais résignée à la mystérieuse volonté divine, qui accompagnait D. Fayez devant le Seigneur.