Au matin du mercredi 6 avril, Mgr Antoine Vergani s'est éteint à Haïfa après de ferventes invocations à Jésus et Marie. Depuis quatre mois, on le savait condamné par un cancer de l'estomac. Aucune surprise donc à l'annonce de sa mort. On pouvait seulement admirer que des soins parfaits aient pu tant la retarder. Mais tous ceux qui le connaissaient en Terre Sainte ont bien compris l'immense perte que représente pour le Patriarcat latin sa disparition prématurée à 55 ans. On s'en convaincra pleinement en évoquant sa carrière apostolique, sa très riche personnalité et la ferveur unanime du dernier hommage rendu à sa mémoire.
Il était né le 2 octobre 1905 à Besozzo en Lombardie. Il passa deux ans au petit séminaire de La Vréa, puis un an à l'oratorio de saint Bosco à Turin avant d'entrer chez les Tommasini, à la célèbre Piccola Casa de saint Cottolengo. C'est là qu'il fut conquis par l'appel apostolique de S.B. Mgr Barlassina, IIe nouveau patriarche de Jérusalem, lui-même ancien élève de la Piccola Casa.
Il arriva à Jérusalem le 21 novembre 1920 avec trois compagnons, Visetti, Goria et Merlo. Ensemble, ils allaient constituer les premiers éléments du nouveau Séminaire patriarcal. Ils prirent la soutane le 23 novembre. Confiés à D. Maat, ordonné prêtre le mois précédent, ils firent quelques mois la navette entre le Patriarcat, où ils prenaient leurs repas et la dormirie qu'il s'agissait alors d'occuper. D. Maat leur donna quelques premières leçons d'arabe. Le 17 mars 1921, ils vinrent s'installer à Beit Jala où Mgr Barlassina rouvrait son séminaire. Malgré son jeune âge. D. Vergani entrait en philosophie. D'une intelligence au-dessus de la moyenne, il allait faire très bonne figure au Grand Séminaire. Il s'y passionna en particulier pour l'arabe qu'il devait parfaitement maîtriser. Séminaire encore, il rédigea une feuille polycopiée pour les Scouts de Beit Jala. C'étaient les prémices de ses activités apostoliques et littéraires.
Le 16 avril 1927, il eut le privilège d'être ordonné prêtre, avec quatre condisciples, au Saint-Sépulcre, devant le saint tombeau, par Mgr Barlassina. Certes, il achevait bien jeune ses études. Mais avec son intelligence si ouverte, il sentait bien tout ce qui lui manquait encore. Il ne devait cesser de développer sa culture par un travail qu'aucune occupation n'arrêterait. Li s'y plongea tout d'abord pendant les quelques mois qu'il passa au séminaire comme professeur.
Après un court séjour à Rafat, il fut nommé, en novembre 1927, curé de Birzeit. La guerre de 1914-1918 avait décimé le clergé patriarcal. Mgr Barlassina n'avait pas le choix. Li était bien obligé de confier d'emblée ses missions à ces très jeunes prêtres de la nouvelle génération. Lis ne devait pas décevoir son attente.
Après quelques mois d'apprentissage à Birzeit, D. Vergimi fut nommé curé de Salt, le 23 février 1928. Salt, la première en date des missions de Transjordanie, était encore la plus importante d'outre-Jourdain. Même si la barbe, entièrement portée encore à cette époque, ajoutait opportunément quelques années de plus à D . Vergani, il fallait cependant de l'audace à M gr Barlassina pour remettre cette mission aux mains de ce tout jeune prêtre de 23 ans.
Le travail apostolique réalisé par D. Vergani à Salt en 13 ans de séjour justifia pleinement la confiance du Patriarche. L'intelligence exceptionnellement déliée du jeune missionnaire le mit à même de se mouvoir aussitôt à l'aise dans les réalités complexes de cette paroisse. À un zèle entreprenant, il alliait un rare doigté. Il avait surtout cette grande qualité apostolique qui le caractérisera jusqu'à la fin : le dévouement. Toujours prêt à rendre service, il mettait à aider les gens toute son intelligence pleine de ressources qui n'admettait pas de problème insoluble.
Il sut aussi aménager sa vétuste mission, et pour cela convaincre Mgr Barlassina de faire un effort exceptionnel de construction. Il éleva d'un étage le vieux presbytère. Il lui procura ainsi un divan digne de Salt, des installations convenables et, à son école de garçons très florissante, des locaux indispensables. Sur la route passante, des magasins, en fermant la mission, lui procurèrent un revenu fixe.
Ses écoles paroissiales, objet de toutes ses sollicitudes, se surclassèrent vite et jouirent d'une grande réputation bien méritée. Toujours en excellentes relations avec toutes les autorités, D. Vergani put ainsi suivre de près les élèves catholiques de l'école secondaire gouvernementale de Salt, l'unique de Transjordanie à cette époque. Ces jeunes trouvaient au presbytère le soutien moral et le supplément d'instruction religieuse indispensables. C'est pour eux tout d'abord, et en fonction des objections qu'ils entendaient, que D. Vergani publia en 1927 son précis d'histoire de l'Église المجمل في تاريخ الكنيسة en arabe. II contribua encore à la dernière édition du Catéchisme diocésain, en 1935. II était aussi membre de la Commission pour les écoles patriarcales de Transjordanie.
Fort de sa précoce expérience de bâtisseur à Salt, D. Vergani eut aussi à s'occuper de l'aménagement d'Ermémin où il avait aidé à la conversion d'un beau groupe de Rabadys. À Fûheis, en 1931, il dirigea la construction de la nouvelle église. En 1933, il présida aussi à la construction et à l'ouverture de la petite mission de Safout, sur la route d'Amman.
En 1940, avec l'entrée en guerre de l'Italie, l'heure de l'épreuve sonna pour D. Vergani. II dut quitter Salt et subir trois années d'internement, successivement à Rafat, Qoubeibeh et enfin au couvent Francis Cain. de la Flagellation à Jérusalem. Malgré les cours de droit canon qu'il donna alors aux séminaristes internés avec lui, son inactivité forcée lui pesa. Mais ce furent cependant des années studieuses que la Providence lui ménageait au milieu de sa vie.
En juillet 1943, aussitôt libéré, il fut nommé curé de Beit Sahour. Cette vieille mission n'avait pour lieu de culte qu'une salle du presbytère. D. Vergani résolut de la doter enfin d'une église. Il sut trouver autour de lui les deux premiers bienfaiteurs qui s'inscrivirent chacun pour 500 livres. Le 8 décembre 1944, S.B. Mgr Barlassina vint bénir la première pierre.
Mais l'actif missionnaire ne put mener son entreprise à terme. Le 27 juin 1946, le Patriarche l'avait transféré à Nazareth, faisant de lui son vicaire patriarcal en Galilée. II fut nommé camérier secret de Sa Sainteté le 17 août suivant. D. Vergani arrivait ainsi sur son dernier champ d'activité, assez à temps pour le bien connaître avant les tragiques événements de 1948. C'est en effet lors de la guerre arabo-juive et surtout quand Nazareth entra dans la tourmente, en juillet 1948, que Mgr Vergani révéla toutes les ressources de sa très riche personnalité humaine et sacerdotale.
Lors de la seconde phase d'hostilités (9-18 juillet 1948), les Israéliens eurent très vite le dessus dans ce district. Nazareth, surpeuplée de réfugiés, vécut alors des heures d'angoisse. Les guerilleros arabes qui la défendaient la quittèrent de nuit, l'abandonnant à son destin. Les Israéliens la cernaient de toute part. II n'y avait plus qu'à se rendre. C'est surtout à Mgr Vergani, dont la personnalité s'imposait déjà à tous, que Nazareth dut obtenir des conditions humaines.
Immédiatement, des problèmes inextricables d'assistance et de ravitaillement se posèrent. Mgr Vergani donna sans compter de sa personne. Avec sa totale ouverture d'esprit, il soutint aussitôt les initiatives d'un simple séminariste, l'abbé Naveau. Ainsi put se déclancher l'assistance de la mission catholique Belg~ qui eut l'immense mérite d'être immédiate et massive.
Pendant toute cette fin de 1948, Mgr Vergani se dépensa au-delà de ses forces. Toujours sur la brèche, il fut l'avocat dévoué, intelligent et toujours intrépide de tous les malheureux qui recouraient à lui comme à la dernière ressource. Sans relâche, il s'employa à faire respecter les communautés religieuses, à relancer leurs œuvres apostoliques, surtout scolaires. Il n’est pas une institution religieuse qui n'ait bénéficié de ses bons offices auprès des nouvelles autorités. Mais les particuliers aussi, les Arabes si durement frappés par les événements, trouvèrent toujours en lui un intercesseur décidé auprès des responsables militaires. O!J' il s'agît de prisonniers, d'infiltrés même, de sinistrés, de membres séparés d'une même famille, tous trouvaient au Vicariat latin un accueil paternel et une aide entière. D 'un dévouement inlassable, Mgr VerQani mettait en oeuvre pour ses obligés toutes ses ressources de diplomate très intelligent, mais aussi d'homme courageux qui osait tout affronter. Il n'est donc pas étonnant que la ville de Nazareth, en témoignage de gratitude, ait voulu lui décerner le titre de citoyen honoraire lors de son jubilé sacerdotal en 1952.
Mais ces mois de fatigues et de tension extrême avaient atteint son organisme. En février 1949, Nazareth fut atterrée d'apprendre soudainement qu'il se mourait. En réaction à une vaccination contre la petite vérole, il fut frappé de myélite ascendante qui le paralysa brutalement. On perdit tout espoir de le sauver. Il reçut en pleine résignation les derniers sacrements. Puis, à l'immense et heureuse surprise de tous, il surmonta le mal. On y vit un miracle obtenu par les prières ardentes faites pour lui de tout côté. Soutenu par son indomptable volonté, il reprit progressivement ses moyens et son service, partageant désormais sa semaine entre Nazareth, siège du Vicariat, et Haifa, siège des autorités à qui il avait sans cesse affaire.
À Nazareth, très durement frappée par le chômage, le communisme avait subitement fait de grands ravages, surtout parmi les Orthodoxes. Par opposition politique, cette ville devenait paradoxalement une place forte marxiste. Mgr Vergani fit face aussitôt de toute façon. Tout d'abord, il multiplia ses interventions pour procurer du travail aux chômeurs. Pour défendre les indigents menacés par la perversion marxiste, il organisa alors un syndicat, ar-Rabitat, des ouvriers à forte majorité catholique, qui prit aussitôt un grand développement à Nazareth et dans les villages voisins. Les jeunes s'y trouvèrent désormais encadrés et défendus. De sa meilleure plume arabe, alerte et incisive, Mgr Vergani démasqua sans merci les sophismes communistes. Dans la revue As-Salam oual-Kheir, السلام والخير, où il a tant écrit, il n'a cessé, en effet, jusqu'à la fin de mener le bon combat. Pour former l'élite de ses jeunes, Mgr Vergani, malgré les conditions si précaires de sa santé et toutes ses autres occupations, organisa encore des sessions sociales de quelques jours chacune. Il en tint même sur le Mont Thabor. De ces réunions, il fut la cheville ouvrière ; mais il savait faire appel aussi à des compétences reconnues et y faire participer activement ses jeunes. Il donna aussi à la Radio israélienne une série de causerie sur la question sociale. Pour instruire ses jeunes catholiques, il écrivit en un arabe limpide, en 1952, une adaptation en deux volumes. À vous ouvriers, اليكم أيها العمال d'un ouvrage de base de Mgr Civardi. En 1957 encore, il réunissait en une brochure Lectures sociales مطالعات اجتناعية quelques-uns de ses articles sur le communisme dont il était le pourfendeur décidé.
Malgré cette lutte continue et cette polémique, que son tempérament combatif rendait toujours ardente, Mgr Vergani gardait toujours pour les personnes la charité et le dévouement sans discrimination du prêtre. Un chef communiste de Nazareth lui en a rendu très loyalement témoignage à sa mort : « J'ai apprécié de lui son humanité, sa sincérité, son courage, sa disponibilité à aider tout le monde sans exception. » Mais avec les années, j'ai découvert qu'il était beaucoup plus que cela : un homme de grand cœur, un esprit très ouvert et de grande culture, un causeur charmant, une intelligence supérieure, une personnalité imposant le respect. »
Au milieu de ses activités de bienfaisance, Mgr Vergani n'abandonnait pas ses autres préoccupations. Aucun des besoins avec lesquels il entrait en contact ne le laissait indifférent. Au moment où la mort l'a arrêté, il préparait la 5e édition de son Précis d'histoire de l'Église dont la parfaite adaptation aux besoins locaux faisait le grand mérite. Pour mettre aussi entre les mains des étudiants une présentation arabe. Rapide, mais à jour, de l'histoire sainte, il avait publié en 1945 un volume : Leçons d'Histoire sainte, دروس التاريخ المقدس, réédité en 1948.
Mgr Vergani prêchait aussi volontiers et bien. Sa vaste culture, son tempérament ardent, une voix haute ; une action chaude et la maîtrise de l'arabe faisaient de lui un orateur goûté. L'enseignement religieux lui paraissait être un devoir sacré. Sur son lit de mort, il remerciait la Providence de ce que sa dernière activité pastorale, comme sa première, eût été ·d'enseigner le catéchisme. Pendant une absence du curé de Haifa. en effet, il avait donné des cours d'instruction religieuse à des jeunes de la paroisse.
Nommé chanoine du Saint-Sépulcre le 17 mars 1951, il fut aussi promu Prélat domestique le 16 juin 1954. Depuis 1948, il était vicaire général et le représentant du Patriarche en Israël. Fatalement, en une période initiale si critique, ayant la charge de nombreuses communautés religieuses de toute nationnalité, de quelques milliers de fidèles arabes, puis de chrétiens immigrés parmi des foyers juifs mixtes, les responsabilités de Mgr Vergani étaient lourdes et ses relations avec les autorités israéliennes délicates. Son genre personnel, consistant à s'engager à fond en tout problème, n'était pas de nature à alléger sa besogne.
Vicaire général, il avait la sollicitude immédiate des paroisses latines d'Israël. Il était parfaitement au courant de tout, car il avait organisé des réunions mensuelles des curés pour étudier avec eux les besoins de leurs missions. Tout naturellement, il se retrouva en Israël bâtisseur comme en Transjordanie. En 10 ans, il aura présidé à beaucoup de constructions : école et maison des Sœurs du Rosaire à Jaffa de Nazareth, à Reneh et à Jish ; surtout, les nouvelles églises de Chefamar et de Rameh où il mit tout son talent et tout son cœur.
Les fatigues que ses fonctions et son dévouement ne lui permettaient pas d'éviter lui valurent, le 4 août 1953, à Haifa, un très grave infarctus du myocarde. Sa vie resta quelques jours en suspens. Cependant, admirablement traité, il se remit lentement. Depuis lors, il séjourna à Haïfa à l'hospice des Sœurs de Saint-Charles dont il était le « curator ». Son infirmière, la Sœur Brigitte Wenig, l'entoura depuis lors des soins les plus dévoués, le défendant aussi avec intransigeance contre les importuns. Mais bien que menacé dans son existence et obligé de se ménager, Mgr Vergani continua encore ses activités essentielles.
En 1955, le Patriarcat fut heureux de lui procurer le soulagement d'un aide compétent. D. Kaldany, docteur in utroque jure, le déchargea du tribunal ecclésiastique et des multiples soucis du Vicariat de Nazareth. Esprit prévoyant, Mgr Vergani, bien conscient de son état, ne ménage rien pour former son collaborateur et lui mettre en tout domaine le pied à l'étrier. En avril 1957, un nouvel infarctus du myocarde, mais plus léger, obligea le malade à un repos désormais plus facile puisqu'il était enfin bien secondé. Mais il se sentait définitivement atteint. De fait, en décembre 1958, il donna sa démission de vicaire général et la maintint contre toutes les instances, acceptant seulement de donner à son jeune confrère les conseils qu'il solliciterait.
Les événements devaient hélas le justifier trop vite. Un an après, à la fin de 1959, il était à nouveau mourant. Une opération désespérée, pratiquée sur lui à l'hôpital italien de Haïfa, fit découvrir un cancer avancé à l'estomac. Les docteurs Rosi, chirurgien-chef, et Paganoni de cet hôpital devaient depuis lors, avec toute leur compétence et leur amitié, épuiser les ressources de leur art pour prolonger l'existence du malade. À la toujours fidèle et de plus en plus indispensable sœur Brigitte Wenig, vint se joindre aussi au début de février Clélia, la sœur de ma" lade, accourue d'Italie à son chevet.
Son ami et confrère, le curé de Rameh, lui avait révélé bien vite la nature de son mal. Mgr Vergani réagit à cette nouvelle avec un admirable courage et un esprit surnaturel qui ont profondément frappé tous ses visiteurs. Nul peut-être n'a mieux exprimé cette impression que son adversaire communist~ de Nazareth : « Je n'oublierai pas ma dernière visite à Mgr Vergani Il me parla de son mal sans que son sourire habituel quitte son visage. Il me déclara en toute simplicité qu'il était in• curable. J'ai été bouleversé par ce discours. Il me dit qu'il n'y avait ;plus d'espoir et que sa vie ne se prolongerait pas plus de trois mois, mais qu'il était parfaitement en paix avec cette assurance. Un pareil langage ne peut être que celui d'un courage extrême et d'un homme ayant une foi totale en son message. Le défunt avait été courageux pendant sa ·vie, mais plus courageux encore sur son lit de mort. C'était vraiment ·une personnalité qui ne peut s'oublier ».
Mgr Vergani s'est en effet surnaturellement préparé dans une parfaite lucidité, acceptant de grand cœur la dernière purification de la terrible maladie. Le Dr Rosi a dit son admiration de se voir accueillir chaque jour par son malade qui lui disait avec un sourire : « Soyez content, cher docteur ; aujourd'hui, cela va mieux ». S.B. Mgr le Patriarche, S.E. Mgr Chiappero, le nouveau vicaire patriarcal, D. Kaldany, ses confrères du Patriarcat sont venus le voir souvent, tandis que sa sœur et Sr. Brigitte ne quittaient plus son chevet. La veille même de sa mort, S.E. Mgr Sensi, délégué apostolique, est venu le visiter, lui a remis une médaille d'or de Rome et la bénédiction du Saint-Père.
Dans la nuit du 5 au 6 avril, le malade s'est senti fini. Il dit : « Seigneur, je n'en puis pas. » « Je te fais l'holocauste de ma vie pour le Pattriarcat. » Au matin du 6, en pleine conscience, il répondait aux prières pour les agonisants dites par le curé de Haïfa. « Je suis prêt, je suis prêt… Allons-nous en paradis… » Merci à tous… » et il a expiré après avoir plusieurs fois répété comme invocation suprême : « Vive Jésus et Marie ».
À 3 heures de l'après-midi du 6, S.E. Mgr Chiappero a présidé la levée du corps. Au vic.,riat. Le défunt a été exposé à la chapelle de l'hospice des Sœurs de Saint-Charles qui sert actuellement d'église paroissiale. S.B. Mgr le Patriarche est arrivé de Jérusalem dans la soirée avec Mgr Girard, Mgr Beltritti, D. Goria, condisciple du défunt, et D. Capra. Ils ont prié devant le corps.
Le jeudi 7 au matin, le cercueil a été transporté à Nazareth. La ville, unanime dans sa gratitude, avait voulu lui rendre chez elle un dernier hommage qui a été vraiment triomphal. Mgr Girard a chanté la messe de requiem assisté par D. Goria et D. Bathich. Dans l'église de Saint-Joseph avaient pris place S.B. Mgr le Patriarche, S.E. Mgr Chiappero, S.E. Mgr Hakim, D. Kaldany et les prêtres de Galilée ; les chefs de toutes les confessions de Nazareth, le maire et ses conseillers, les consuls d'Italie, France, Belgique, Espagne et Turquie, les communautés.
et organisations paroissiales de Nazareth, la foule des obligés du défunt. De la part du Gouvernement, il y avait les hauts fonctionnaires du district, mais tout particulièrement le Dr. Colbi, directeur du département des communautés chrétiennes au ministère des Cultes, ami personnel du défunt. La messe s'est terminée par une allocution funèbre très émue du R.P. Augustin Chidiac O.C.D. et par l'absout donné par S.B. Mgr le patriarche.
À 11 :15, le cercueil a repris la route de Haïfa, suivi par un cor-tège de 25 voitures. Au Mont-Carmel, il a été introduit dans le sanctuaire de Notre-Dame qui était tout rempli par les fidèles de Haïfa. Après une dernière absoute, il a été porté au cimetière des Pères Carmes et inhumé dans le caveau des Sœurs de Saint-Charles. Le bon ouvrier, mort à la tâche, repose ainsi désormais sur la montagne sainte à l'ombre de Notre-Dame du Carmel.
L'hommage a été vraiment unanime autour de sa dépouille mortelle. Les dons humains et surnaturels de cette très riche personnalité s'étaient imposés à tous. À ses confrères qui avaient apprécié le zèle du prêtre. À tous les innombrables bénéficiaires de son inépuisable et intrépide dévouement. À ses adversaires mêmes qui avaient trouvé en lui un lutteur mordant certes, mais toujours humain et loyal, forçant leur estime et leur admiration. Mgr Vergani a vraiment fait honneur au Patriarcat latin et à l'Église catholique en Terre Sainte. Requiescat in pace.