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1941 Antonio Pin (1918-1959)

Né: 1.10.1918 à Oderzo (Trévise, Italie)

Études:

  • 1930: Collège Brandolini à Oderzo
  • 1931: Rejoint le Petit Séminaire de Vottorio Veneto
  • 1932: L'école apostolique d'Oderzo
  • 24.11.1935: Rejoint le Séminaire Patriarcal de philosophie
  • 8 12.1935: Prise de soutane
  • 1.10.1935: Il a commencé à étudier la Théologie
  • 17.12.1935: Tonsure par S.E. Franz Fellinger à la Pro-cathédrale
  • 18.12.1937: Premiers Ordres Mineurs par S.E. Franz Fellinger à la Pro-cathédrale
  • 18.12.1938: Derniers Ordres Mineurs par S.E. Franz Fellinger à l'église de Beit Jala
  • 14.7.1940: Sous-Diaconat par S.B. le Patriarche Louis Barlassina, chapelle du Séminaire Patriarcal
  • 31.5.1941: Diaconat par Mgr Perlo à Qubeibheh

Ordination: 19.10.1941 par S.B. le Patriarche Louis Barlassina à l'église de la Flagellation à Jérusalem

Nominations & Activités:

  • 15.6.1940: Assigné à résidence à Rafat
  • 22.8.1940: Assigné à résidence à la Flagellation à Jérusalem
  • 7.1943: Libéré
  • 2.8.1943: Arrive à Tayasir
  • 10.5.1946: Vice-Directeur au sanctuaire Notre-Dame de Palestine à Deir-Rafat avec D. Albino Gorla
  • 12.4.1950: Curé de la paroisse Saint-Joseph à Shefamar, Israël jusqu'au 1.4.1954
  • 19.8.1954: Curé de la paroisse Le Sauveur au Puits de Jacob à Naplouse, en Palestine jusqu'au 9.9.1955
  • 9.9.1955: Responsable des archives et chauffeur et secrétaire particulier de S.B. le Patriarche Alberto Gori
  • 1956: La construction de l'autel à Shefamar, Israël

Voyages:

  • Italie (1.5.1954)
  • Europe (7.8.1959)

Mort: 23.8.1959, à l'âge de 41 ans

Enterré: 24.8.1959 à Gethsémani

Un même sentiment de stupeur a cloué tous ceux qui ont appris, dans la matinée du dimanche 23 août, la mort subite de D. Antoine Pin, missionnaire du Patriarcat latin. Du fait de ses fonctions, on l'avait déjà vu de diverses côtés, depuis le retour de Rome de Sa Béatitude, respirant toujours force, santé et dynamisme. Comment donc croire à la stupéfiante nouvelle qu'on se passait au téléphone ! Elle n'était cependant que trop vraie. Cette force de la nature avait été foudroyée d'un seul coup. Il ne restait à tous ses amis, en adorant les desseins impénétrables de la Providence, qu'à pleurer le disparu. Et dans cette affliction, il n'est personne qui n'ait plaint, surtout S.B. Mgr le Patriarche, en songeant à la perte qui l'a ainsi frappé tout personnellement.

D, Antoine Pin est mort à 41 ans, dans la force de l'âge et de l'activité. Né le 1er octo­bre 1918 à Oderzo (Italie), il y avait fait ses études au collège Brandolini et à l'École apos­tolique, fondée par Mgr Domi­nique Visintin. Suivant l'exemple de son compatriote, D. Antoine Buso, il arriva en Palestine le 24 novembre 1935 pour se consacrer aux missions de Terre Sainte. Entré au grand séminaire pa­triarcal à Jérusalem, il y prit la soutane le 8 décembre suivant. En 1936, il suivit le Séminaire à Beit Jala. Son dévouement, servi par une adresse et une force peu communes, l'y rendit précieux. Sans préjudice pour ses études, qu'il mena toujours avec énergie comme toute chose qu'il faisait, il œuvra beaucoup pour l'aménagement des locaux de Beit Jala restés inachevés en raison de la longue grève de 1936.

En juin 1940, à la guerre, il fut interné avec ses compagnons italiens. Il séjourna d'abord à Rafat, puis à Qoubeibeh, résidences plaisantes. Mais, à partir d'août 1941, l'étroit couvent de la Flagellation lui fut davantage prison, sans plus la distraction de travaux matériels. Il s'y montra séminariste studieux et s'y prépara avec ferveur au sacerdoce que Mgr Barlassina lui conféra dans le petit sanctuaire de la Flagellation, le 19 octobre suivant.

Puis la vie d'internement reprit pour deux ans, spécialement pénible pour une nature exubérante comme la sienne qui sentait le besoin de se dépenser dans l'activité. Mais il eut ensuite ses larges compensations lorsque, libéré en juillet 1943, il fut affecté d'abord à Teyasir puis à Rafat en I946. Il vécut à l'ombre de Notre-Dame de Palestine les journées périlleuses de la guerre arabe-juive de 1948. En pleine ligne de combat et occupée militairement, Rafat resta de longs mois sous le feu pendant une trêve qui ne l'était guère. Dans cette région, alors nuitamment sillonnée de pillards qui n'épargnèrent pas Rafat, D. Pin dut se faire le gardien vigilant de la résidence. Entre ses mains vigoureuses, une mitraillette était à même de faire bruit et peur.

En avril 1950, son grand désir d'apostolat était enfin exaucé. On lui confia en Galilée la petite mission de Chefamar où il succéda à D. Marc Dalme­dico, octogénaire. Il s'y dépensa aussitôt pour ses paroissiens avec tout son dévouement enthousiaste. Comme on peut bien le penser, il sut aussi mettre la main directement à l'ouvrage pour aménager un peu sa vétuste mission. Le Seigneur lui ménagea une épreuve peu banale. Il risqua en 1953 de perdre ses ouailles en même temps que son église. Mais, comme dans les épreuves du Seigneur, tout est grâce, la mission y gagna en fin de compte une belle petite église neuve, que D. Pin doua d'un autel en marbre à ses frais.

En août 1954, D. Pin fut appelé en zone arabe. Il s'y vit confier la mission de Naplouse avec ses succursales de Bourka, Sebastieh, Beit-Imrin et Nous­jebil, pour lesquelles il se vit bien obligé de se procurer une modeste voiture. Fort de son expérience, acquise déjà au Séminaire et développée à Teyasir et Rafat, il marqua son passage à Naplouse par l'aménagement heureux de cette mission. Il y connut aussi la tribulation d'avoir à distribuer de vieux habits aux indigents et aux réfugiés et de ne pouvoir satisfaire son monde. Trois pa­quets n'avaient pas eu l'air de plaire. Avec son énergie qui n'hésitait pas, il eut tôt fait de guérir les mécontents de leur vice. Prenant un bidon d'essence, il en arrosa les paquets et y mit le feu devant ses gens médusés. Il n'y eut plus de réclamations à Naplouse. Son énergie, au contraire, lui valut un grand prestige fort utile. Une appendicite foudroyante fut l'épreuve qui l'attendait dans sa seconde mission. Il fut opéré d'urgence. Contre toute attente avec un organisme qui semblait si fort, le cœur donna un moment des inquiétudes au docteur.

En septembre 1955. D. Antoun inaugurait ce qu'il ne savait pas devoir être la dernière phase de sa vie. S.B. Mgr le Patriarche l'appela au Patriarcat pour en faire son chauffeur. On sait que ce n'est pas là une sinécure. Mais l'auto patriarcale était loin de pouvoir absorber son besoin d'activité. Pendant 4 ans, il a aidé Mgr Beltritti et D. Habib Hadweh à réorganiser les archives, apportant à ce travail son adresse expéditive qui ne laissait pas traîner la besogne. En même temps, il était pratiquement le secrétaire particulier de Sa Béatitude, tapant sa correspondance. C'est lui aussi qui chaque jour lui servait la sainte messe avant de célébrer la sienne propre.

Le 9 juin dernier, D. Pin quittait Jérusalem, accompagnant S.B. Mgr Le Patriarche dans son voyage à Rome. Il a eu la joie de l'assister, le 15 juillet à Oderzo, sa patrie, à l'investiture de chanoine du Saint-Sépulcre de Mgr Visintin, son ancien directeur de l'École apostolique. Il a eu encore le bonheur, après l'audience que S.S. Jean XXIII a accordée à S.B. Mgr le Patriarche, d'être admis lui aussi en présence du Saint Père pour lui offrir le présent du Diocèse, un Enfant Jésus de Noël. Puis, reprenant sa liberté, D. Pin est allé en Italie et jusque dans le nord de la France, visiter les familles de ses nombreux frères et sœurs. À l'insu de tous, Le Seigneur leur avait ménagé une dernière entrevue fraternelle.

Revenu en Jordanie avec S.B. Mgr le Patriarche, le 7 août, D. Pin y reprenait aussitôt avec le même dévouement jovial ses activités coutumières de chauffeur, archiviste et secrétaire. Le dimanche 23 août au matin, il n'a pas paru comme à l'ordinaire pour servir la messe de Sa Béatitude, à 5 h 15, dans le petit oratoire des religieuses. L'une d'elles est allée frapper à sa porte, puis voyant de la lumière sans entendre de réponse, en a averti Mgr Girard, son voisin. Ils l'ont trouvé gisant devant son lavabo. Il avait été foudroyé en faisant sa toilette. Les soins de la R. Mère supérieure, excellente infirmière, puis du Dr. Kalbian, spécialiste réputé du cœur, appelé aussitôt, n'ont pu le rappeler à lui. On imagine sans peine la douleur de S.B. Mgr le Patriarche, mis au courant du décès à la fin de sa messe. Douleur partagée par tout le patriarcat atterré, puis par tous les missionnaires qui ne pouvaient croire à si terrible nouvelle.

Le 24 août, la concathédrale s'est remplie des très nombreux amis du défunt. Ils ne pouvaient croire que c'était D. Pin qui gisait dans cette bière exposée. C'était en effet lui-même qu'on était habitué à voir évoluer dans la concathédrale pour assurer le bon ordre des cérémonies. Au chœur avaient pris place S.B. Mgr le Patriarche, S.E. Mgr Gélat, Mgr Carlomagno, chargé d'affaires de la Délégation, Mgr Abou Saada, vicaire patriarcal melkite. Mgr Sélim Hadweh a chanté la messe de requiem assisté de D. Deraoui et D. Najiar, tandis que les missionnaires, qui étaient accourus très nombreux de Palestine et de Transjordanie, alternaient avec les orphelins de Terre Sainle pour le chant. Après l'absolution donnée par le R.P. Zeitoun, curé de Jérusalem, le long convoi d'autos, conduit par Sa Béatitude et S. E. Mgr l'évêque, a accompagné le défunt à Gethsémani. Il a été enseveli au sud de la basilique, sous les oliviers, dans ce cimetière ouvert en 1948 pour les religieux de la Custodie et les prêtres de la Ville sainte. Il a rejoint là, à l'ombre de la basilique de Gethsémani et dans cette vallée de Josaphat, cinq de ses confrères du Patriarcat qui l'y ont devancé dans la paix du Seigneur.

Si les saintes huiles n'ont pu être données qu'à son corps inerte, encore chaud, il est vrai, nul de ceux qui ont connu D. Pin ne doute que le Seigneur l'aura trouvé bien prêt. D'une fidélité scrupuleuse à ses exercices de piété et à tous ses devoirs, prêtre irréprochable, d'une générosité toute discrète mais totale envers les indigents au point de ne laisser aucun argent à sa mort, d'un dévouement toujours jovial et qu'il exercait à sa manière propre, sans retard et énergiquement, D. Pin laisse un vide immense au Patriarcat. Mais c'est surtout S.B. Mgr le Patriarche à qui il tenait de si près, qu'il servait avec tant d'in­telligente et cordiale fidélité, qui aura le plus senti la grande perte de ce mis­sionnaire ainsi emporté soudainement dans la fleur de l'âge et en pleine activité.